Patrick Chambres
Professeur de psychologie
Laboratoire LAPSCO UMR-CNRS 6024
Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand 2
Quand on parle aujourd’hui d’autisme, et de l’aide que l’on peut apporter aux personnes qui en sont atteintes, l’idée que l’on sait peu de chose concernant ce trouble très handicapant est (trop) souvent mise en avant. Cette idée fausse est malheureusement de nature à accentuer le handicap attaché à l’autisme, notamment dans le cadre de la participation sociale que chacun souhaite optimale.
Pourtant, on sait de plus en plus de choses
• sur les fondements de ce handicap
• sur la manière d’en faire le dépistage et le diagnostic sachant que cette phase doit être conduite avec la précocité la plus forte possible
• sur la manière d’en spécifier les particularités et donc sur la manière de mettre en œuvre une prise en charge efficace.
En ce qui concerne le dernier point, la connaissance que nous avons de la spécificité de l’autisme, notamment en termes de compréhension des situations quotidiennes, et en termes de communication (verbale et non verbale), offre une opportunité formidable pour rompre une fois pour toute avec l’isolement dont sont souvent l’objet les personnes autistes, et tout particulièrement les adultes d’aujourd’hui. Soulignons que cet isolement social est incroyablement paradoxal puisque, selon les Classifications Internationales des Troubles (CIM-10 ou DSM-IV-R), il ne fait même pas partie des caractéristiques diagnostiques de l’autisme.
Les particularités de fonctionnement des personnes autistes, notamment en termes de communication, justifient la nécessité absolue d’agir afin d’offrir à ces personnes le moyen de la participation sociale à laquelle légitimement elles ont droit, participation sociale à laquelle surtout elles aspirent. Il nous faut bien comprendre que c’est uniquement la communication (adaptative ou augmentative) qui est en mesure de faire reculer ce qui persiste dans la représentation de l’autisme : le mutisme et l’auto-mutilation. Les autistes ne refusent pas la communication, bien au contraire. Mais une communication conventionnelle ne leur est pas naturellement accessible comme pour toute autre personne. Il faut donc souvent construire une communication spécifique, à leur portée, ce que l’on sait faire depuis des années, mais qu’on utilise encore trop rarement, surtout en France.